17.9.10

Aloalos en pagaille sur la route d'Ampanihy

Le Rebeke touche à sa fin, demain je dois être à Ampanihy pour l'évaluation du CSA. On plie les gaules, les tentes en fait, on dit merci, au revoir, à une prochaine, et grimpons dans l'Hilux, direction le Nord Ouest, sachant qu'on reste dans le Sud Ouest. On le sait, la route est semée de tombeaux, on arrive en terre Mahafaly (ceux qui font les tabous), on aura donc droit à un festival d'Aloalos.

Le rite funéraire revêt une grande importance chez les malgaches, en tous cas dans le Sud de l'île, au Nord je ne sais pas. Les Mahafaly ne retournent pas leur morts, par contre ils construisent des putains de tombeaux énormes, symbole de prestige social post mortem. Il faut d'abord avoir suffisamment d'argent pour les matériaux, et puis réunir toute une foule pour construire l'édifice. C'est pas nouveau, mais plus t'es riche plus t'as un gros tombeau. Une autre pratique courante, à la mort d'un homme, est de tuer toutes ses têtes de zébus. D'abord ça sert de monnaie d'échange pour les matériaux, les Aloalos... on peut aussi en vendre quelques uns pour acheter du riz, du toky... pour la cérémonie, et après c'est l'orgie de viande! Tous les broussards alentours (selon bien sûr une imbrication de relations sociales complexes) peuvent venir se gaver de viande jusqu'à plus faim. On raconte que certaines Omby
party durent jusqu'à six mois... Là pour le bonhomme, c'est la postérité assurée pendant des siècles et des siècles. De nos jours c'est plus soft, on ne tue que les femelles (ou les mâles, je ne suis plus sur), ce qui peut quand même faire un beau tas de viande.


Tombeau Mahafaly, j'aime beaucoup le "Né le vers 1940"

Et les Aloalos dans tout ça ? sculptures de bois (le plus souvent du katrafay, une Méliacée, dont l'huile essentielle sert, entre autres, pour les massages musculaires, ça sent pas très bon, mais c'est rudement efficace, pour les grands sportifs. Sylvain , t'en veux ?), surmontées d'une figurine figurative, peintes et plantées dans les pierres superficielles du tombeau, à côté des cornes de zébus sacrifiés (les bucranes), également plantées sur le tombeau. Ces figurines représentent le plus souvent des scènes de la vie du défunt, et sont chargées de symbolisme. Bien sûr le thème du zébu est omniprésent, pas seulement parce que c'est bon, mais surtout à cause de la place du zébu dans ces sociétés d'éleveurs. C'est le troupeau qui conditionne pas mal de choses dans la vie d'une famille, c'est lui qui permet au défunt, à sa famille, et à ses dépendants (des bergers notamment) de subvenir à leurs besoins. D'ailleurs sans troupeau pas de dépendants, mais des dépendances... ça change tout! Sans troupeau pas de tombeau non plus. Certains tombeaux n'ont que des zébus, d'autres sont un peu plus funkys, comme celui d'en dessous :



Bon là, tous les Aloalos étaient pas sur le même tombeau,
c'est un ptit best of de l'Omby !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire